L'effet Parthenay
Traduction de l’article “The Parthenay Effect: How a Small French Town Might Save Civilization” paru le 27/3/2017 sur The Huffington Post
⚠ Avertissement
Je ne suis ni traducteur, ni bilingue. Mon objectif est de fournir une traduction de cet article pour les personnes ayant des difficultés avec l’anglais. Bien qu’ayant tenté de traduire au mieux cet article, je ne peux garantir l’exactitude de ce qui suit.Tous les droits sur cet article, ainsi que les photos, reviennent à sa rédactrice Rebecca Novick.
Le printemps dernier, j’ai déménagé à Parthenay, une ville de 11.000 habitants, ce qui est un petit peu plus qu’un village. Il est normal que vous n’en ayez jamais entendu parler. Même mes amis français ont du chercher ou cela se situait. C’est également une commune, ou plutôt ce qui est appelé une “communauté de communes” avec 6 communes voisines. Elle est situé dans le département des Deux-Sèvres, au coeur de la Nouvelle Aquitaine et au sud de la vallée de la Loire. La ville de Parthenay à une beauté ancienne avec peu de lignes droites et beaucoup de paniers à fleurs et de toits en tuiles rouges. Les gens marchent souvent avec tellement de baguettes à la main que vous vous demandez comment il peuvent toutes les manger. Il y a même des distributeurs de baguette automatique, prêt pour ces inévitables urgences. Pour ceux qui vivent dans les villages environnants, une fourgonnette livre du pain fraîchement cuit à votre porte (vous pouvez également acheter la moitié d’une baguette pour 47 centimes). Il y a tellement de gens qui élèvent des poulets que des oeufs frais sont constamment échangé entre voisins, et peu daigneraient consommer ceux élevés en batterie. Même ma maison située dans l’hyper-centre de la ville est paisible parmi ces bourdonnements d’oiseaux qui rappellent à nombre d’entre nous des souvenirs d’enfants. J’avais voyagé pendant quelques mois en Inde une fois, et j’étais habituée à beaucoup de chaos et d’agitation. Il m’a fallu quelques mois pour m’habituer à cette nouvelle tranquillité.
“C’est tellement calme ici”, disais-je à un ami. “C’est l’heure du déjeuner” me répondit-il. Puis, souriant, il ajouta : “Ça sera encore plus calme après le déjeuner.”
La seule fois ou mon sommeil a été interrompu par une perturbation humaine fut durant une nuit d’été, pendant un festival de musique. J’ai été réveillée à 3 heures du matin par le bruit d’un jeune homme homme qui jouait de la guitare et chantait une ballade française dans la rue, sous la fenêtre de ma chambre. J’étais ici, heureuse, avant de retomber dans les bras de Morphée.
Parthenay repose dans une courbe de la rivière du Thouet, vieux français pour “Tranquille”. Établi au milieu du 11ème siècle, ces charmantes maisons médiévales et son château donne l’impression de la terre du Milieu croisée avec le château de Tintagel (Note du traducteur : Tintagel est une localité et une paroisse civile de la côte nord-ouest du comté de Cornouailles en Angleterre.). Parthenay est située dans l’une des Gâtines de la France. Le mot ‘Gâtine’ est connu dans la légende arthurienne pour être un endroit stérile et déserté. La prophétie dit que la terre deviendra fertile une fois la quête du Saint Graal achevée. Le nom fait référence au granit rocheux qui rend l’agriculture difficile. Mais il est riche en faune. (traduction manquante). Ses haies abritent des lapins et ses chênes et hêtres sont des postes de sentinelles pour les buses. Ses champs sont remplis de moutons mais aussi de la superbe race locale de vaches, la “Parthenaise”, rousse et musclées. Les terres du Sud Deux-Sèvres sont de loin bien plus cultivables. Des champs de tournesol offre une vue magnifique en été. Le blé, l’avoine, les pommes de terre, les pommes et les noix sont cultivées en abondance et le marché aux légumes du mercredi est rempli d’agriculteurs vendant des fromages de chèvres locaux et des tomates de la taille d’une balle de tennis. Vingt ans plus tôt, le gouvernement français payait les agriculteurs pour qu’il laissent leur terre en jachère un an afin qu’ils puissent recommencer sans pesticides. Ce léger mouvement pour les produits bio a reçu assez peu d’attention.
Des méandres amènent sur un moulin abandonné ou sur un ruisseau bouillonnant, des chênes ou encore une église à moitié oubliée. Aucune industrie dans les environs et l’air purifiant des eaux de l’Atlantique, je n’hésite pas à inspirer profondément l’air de Gâtine dans mes poumons. J’ai vécu à Londres, Los Angeles et New Delhi. Ici, je peux respirer d’une façon que j’avais presque oubliée. J’ai un jour été choquée de voir une canette de Coca-Cola flotter dans le Thouet. C’était parce que ce déchet était une aberration que je l’ai remarqué.
J’ai vécu une grande partie de ma vie dans les montagnes et je pensais qu’elles me manqueraient, mais les ciels de Gâtine sont infinis, à tel point que les nuages deviennent ici des montagnes, formant les gammes de la chaine de l’Himalaya. Le soleil prend tellement de temps à se lever que vous pouvez vous amuser des heures durant avec des palettes kaléidoscopiques de violet, vermillon, topaze et mangenta. Une étendue non obstruée vers l’Ouest offre aux habitants de la Gâtine ce que j’appelle “Le second soleil”, surtout en été. Alors que le soleil descend, aux alentours de vingt heures, il tombe souvent derrière une nuée de nuages mais comme il n’y a pas de bâtiment bloquant la vue à l’horizon, il ré-émerge une demie heure plus tard, offrant jusqu’à deux heures supplémentaires de sa lumière. Cette topographie explique pourquoi Parthenay enregistre le deuxième plus grand temps d’ensoleillement dans toute la France. Ce ciel spacieux et le peu de pollution lumineuse sont fait pour les amateurs d’astronomie. Une fois, en Aout, un groupe d’amis et moi avons conduit jusqu’à un endroit surnommé la “colline du lapin” et avons regardé en silence les météores des Perséides exécuter leur ballet argenté à travers le firmament
Parthenay et ses environs ont été en grande partie protégés du développement rongeant le monde moderne. Après avoir échappé à la pollution et à l’architecture sans âme, les Parthenaisiens (habitants de Parthenay) ont aussi surpassé les nombreuses formes de cynismes et narcissismes ravageant le psychisme moderne. Le rythme de vie est simple, respectueux, calme, et cela fournit le cadre parfait pour cette espèce en voie de disparition, le temps.
Je me promène régulièrement ici, en explorant les passages étroits et les escaliers de pierre qui relient la ville ensemble, tout en jetant un oeil aux vieilles portes en bois qui s’ouvrent sur les vergers de pommiers et les jardins d’herbes médiévales. Je m’allonge dans l’herbe et j’entends les champs des grives et des merles, l’odeur de l’herbe et de la terre dans mes narines. Je me sens comme j’ai autrefois été une enfant. J’ai entrepris des projets photos avec Parthenay comme sujet. Elle est profondément photogénique mais sans la vanité des grandes villes françaises. Je l’étudie sous différentes lumières et différentes saisons, sous beaucoup d’angles,et j’écris à propos d’elle dans mon blog, le “Projet Parthenay”. La ville a été nommé Ville d’Arts et d’Histoire. De nombreux artistes vivent ici, un nombre impressionnant de professeurs de Yoga et de Qi Gong ainsi qu’une communauté d’invalides indépendante.
Alors que je me promène dans les rues le soir, ma caméra à mes côtés, les chats sautent des murs, se frottent contre mes jambes pour une caresse. Les locaux sont assis dans des cafés sirotant le café noir en parcourant les journaux locaux ou en partageant une blague sur les minuscules verres de Rosé (à la différence des Britanniques, les Français tiennent l’alcool. A ce jour, je n’ai entendu qu’une histoire d’état d’ivresse sur la voie publique, ce qui a alimenté les conversations des semaines durant, tellement cela était rare).
Il est tout à fait normal de saluer plutôt que d’ignorer un étranger ici. Mêmes les jeunes vous saluent lorsque vous leur passez devant.
Mais la ville ne prospère pas. Les enseignes ferment à un rythme alarmant et presque toutes les rus sont à vendre, les vitrines converties en mini galeries d’art. Les anciennes industries textiles ont disparues, ainsi que le train, qui a transporté ses derniers passagers il y a 23 ans. Une zone commerciale à la périphérie de la ville a aspiré la quasi totalité des commerces du centre ville. (traduction manquante). Les quelques touristes qui arrivent à cet endroit (au détour d’une sortie en vélo le plus souvent) marchent comme s’ils avaient trébuchés sur leur propre conte de fées. Parthenay est une beauté endormie, attendant d’être réveillée.
Pourtant, cela n’a pas toujours été le cas. Parthenay était autrefois une ville marchande, capitale de la Gâtine Vendéenne. Pendant des siècles, c’était une étape importante sur le Camino de Compostela, le pèlerinage à la crypte de Saint Jacques, censé avoir le pouvoir de pardonner tous les pêchés, qui traversait toute la France et se terminait à la Cathédrale de Santiago de Compostela au nord ouest de l’Espagne. Depuis les années 1980, le Camino, ou la “voie” a connu une renaissance spectaculaire attirant près de 300.000 pèlerins modernes par an, venant du monde entier. L’itinéraire original prenait des mois à effectuer, mais de nos jours, même les plus aventureux commencent leur voyage près de la frontière espagnole, le long des Pyrénées, sur la frontière Française. Pourtant, j’imagine des réfugiés du fascisme arrivant comme des pèlerins par l’ancienne voie de la Porte Saint Jacques, qui se dresse au dessus de la rivière, accueillant les naufragés de cette triste civilisation en déclin.
Les matins d’automne, la brume recouvrent les rues et les champs. La ville fortifiée de Parthenay est construite sur une légende. Il est dit qu’elle a été créée par la baguette d’une femme magique, nommé Mélusine. Il y a trois couches de fortifications faites à partir de granit. En effet, c’est un endroit digne de protection. Il y a plus une éthique de vie qu’une éthique de travail ici. La seule chose ouverte le dimanche est l’église. Les déjeuner durent deux à trois heures et sont considérés comme un moment sacré. Même les restaurants sont fermés le lundi et beaucoup ne sont ouverts que quelques heures par semaines, avec des écriteaux sur leurs portes disant “Heure d’ouverture 14-17h le mercredi”. Oui, il peut être compliqué de faire quelque chose. Mais ça va, puisqu’il y a le temps de le faire ici.
Est-ce que j’exagère ? Oui, mais seulement un peu. Bien sur, de mauvaises choses arrivent, même à Parthenay. Il y a de la méchanceté ici également. Il y a des commérages et de la jalousie. Ce n’est pas pour tout le monde. Il n’y a pas d’hypermarché, seulement une petite salle de cinéma, et peu de grandes chaînes industrielles. L’heure de pointe sont quelques Peugeot qui se bousculent pour une place. Pas même un Starbucks (chut !), ce qui est ironique puisque leur logo est basé sur la dame à queue de poisson, Mélusine, elle-même. Mais il y a plus que ça. Je suis d’un côté effrayée d’en parler, et de l’autre effrayer de ne pas en parler. Si la ville dors, pourquoi ne pas la laisser dormir ? Récemment, un des mes amis discutait à propos d’hylozoïsme, la théorie comme quoi les objets inanimés auraient une conscience et peuvent, dans une certaine mesure faire leur propres choix. Une ville peut-elle choisir ses résidents ? J’aime à penser que les pierres et brouillards de Parthenay sont en quelques sortes capable de décider qui vient, et qui pourra s’installer ici. Comme nos gouvernements continue de nous décevoir, nous devons créer plus de communautés intentionnelles dans le monde.
Pour moi, Parthenay est comme un refuge dans cette tempête. Ici, j’apprends à dérouler les noeuds de mon passé, à embrasser la paix sous toutes ses formes. Je me souviens de la maison d’Elrond dans le Seigneur des Anneaux qui accueillait les voyageurs épuisés et leur fournissait un endroit ou ils pouvaient retrouver leur énergie ainsi que leur inspiration. Comme l’écrit Tolkien, ‘Si seulement il y avait une cure pour la fatigue, la peur et la tristesse.’
Parthenay est ma maison d’Elrond. Pourrait-elle être la votre ?